Je n'appelerai pas dans cette note à "casser du flic" et je ne revendiquerai pas la disparition de ce corps de métier qui peut se montrer moins bête qu'il n'en a l'air. Juste vous compter une anecdote qui m'est arrivée le 20 novembre dernier lors des manifestations pro et anti Franco qui célèbraient positivement ou négativement sa disparition.
En Espagne cette date est l'occasion de réveiller de vieux démons et de vieilles rancoeurs. Cette année tout particulièrement car le pays se trouve à la veille d'élections majeurs et les débats sont souvent crispés quand on touche à l'identité espagnole et à son Histoire. Le gouvernement du socialiste José Luis Rodriguez Zapatero venait de faire voter une loi qui interdisait toute représentation publique des symboles du franquisme. Autant vous dire que ce 20 novembre s'annonçait chaud et je ne pouvais faire autrement que de se suivre tout cela avec mon appareil photo.
Dans un premier temps, je me suis intéressé aux pro-franquistes qui avec la bénédiction de l'Eglise organisait une messe en son honneur dans la cathédrale de Grenade. Ma première surprise fût de voir les cordons des CRS locaux prêts à protéger cette joyeuse bande d'ultras des "agitateurs" d'en face. Inutile de vous décrire l'envie de vomir quand on entend chanter "cara al sol", l'hymne falangiste ou que l'on voit des grand-mères amener leurs petits enfants à cette sombre messe...La meilleure protection est la photo. Le résultat fut trés mauvais et j'ai manqué de me faire taper dessus quand j'ai voulu prendre en photo la conversation du chef d'escadrille avec le leader falangiste.
Je change de camps et me dirige vers le cortège des anti-franquistes. Les chants ne sont pas les mêmes et les majeurs fusent quand nous passons sous les fenêtres des locaux falangistes qui à Grenade ont pignon sur rue. Il faut dire aussi que dans ce cortège là on a encore en tête la mort du jeune Carlos, assassiné par un membre de croupuscules néo-nazi...Le cortège descend un peu plus loin aux portes du théâtre Isabel la Catolica où il est arrêté par les CRS cramponés dans leurs dockers comme ils save
nt si bien le faire. L'objectif pour eux est d'empêcher les "anti" de rencontrer les "pro" prés du monument en l'honneur de Primo de Rivera, le fondateur de la Falange. Le moment de faire une pause et de parler politique avec les uns et les autres. ça danse, ça chante et ça provoque gentiment le mur de CRS...pas assez gentiment apparemment...
En effet, quelques minutes aprés c'est la charge, les gaz et la matraque. Ce que je redoutais le plus étant donné l'état de mes genoux à l'époque : impossible de courrir. Je boitille donc comme je peux vers la prochaine rue à droite pour sortir de ce corridor infernal dans lequel un troupeau d'éléphant tente de se glisser. Et surprise, les CRS sont là aussi. L'un d'entre eux me fait goûer sa matraque ce qui n'arrange rien à mes genoux, je lui hurle que jai rien à voir avec ça, il se rapproche, je lui tourne le dos. Je n'ai que deux solutions : rester dans cette rue et risquer une nouvelle charge ou m'abriter dans une boutique. La première que je vois vend des cravates. Le patron est au poste de garde. Je lui demande asile. Il refuse. Je lui montre mon appareil et lui invente une identité de journaliste français. Il accepte.
Il n'y avait aucune raison de charger. A ucune raison de taper sur un étudiant boiteux avec un appareil photo dans les mains. Violence gratuite et bêtise. Et pourtant j'ai eu de la chance. Il aurait pu taper autre part que sur mes fesses. J'ai eu de la chance : j'avais de quoi me faire passer pour un journaliste français. La carte de presse est souvent dangereuse pour ceux qui la portent. Elle est souvent mal utilisée lors d'une conférence de presse à l'Elysée par exemple. Je termine donc ma note par un clin d'oeil aux derniers des cahimans qui font honneur à ce document...et à tous ceux et celles qui ont gouté malgré eux à la violence et à la bêtise policière.
Salut Antoine,
Je suis aussi dans la FiFE (6), et je suis aussi passionné de photo ! Je suis donc ravi de tomber sur ton blog =D. J'ai du mal à imaginer les évènements que tu racontes, mais c'est très instructif ! Je te souhaite de bien te marrer avec ton D80, perso je compte prochainement investir dans un EOS 400D (si je trouve l'argent ...) : pas aussi bien , mais déjà mieux que mon bridge pour photographier les rencontres Sciences Po/Sud-Ouest (et oui ! je suis la relève : http://picasaweb.google.fr/noe.pisque)!
Au plaisir de te croiser un de ces jours ! Je continue à suivre ton blog ...
Simon.
Rédigé par : Simon | 13 février 2008 à 17:51
Salut Simon,
Je rentre de Huelva justement où j'ai pu suivre Jean-François Hellio dans un de ses reportages photo. Passionnant. Tu pourras voir ses photos sur son site internet en lien sur ce blog dans "Plein les yeux". Le lien que tu m'as donné ne fonctionne pas et je serai curieux de voir tes photos.
Content de voir que dans la relève de la filière il y a l'oeil d'un photographe. Si tu passes par Grenade contacte moi.
Tonio.
Rédigé par : ANTOINE VETEAU | 21 février 2008 à 18:58
Té c'est marrant, mon père est originaire de l'Indre et s'est fait offrir pour ses 40 ans une photographie de "grèbes huppés" de Hellio :) ! Tu as de la chance d'avoir pu voir comment un pro comme lui travaille (alors son matos ?) ! Le lien que je t'ai donné rassemble les photos des rencontres dont je suis moyennement satisfait : je te redonne le lien : http://picasaweb.google.fr/noe.pisque ; sinon, vu que tu as l'air d'aimer aussi les photos de campagne, je t'invite à jeter un oeil au site du projet "Allez Alain !" qui couvre les municipales côté Juppé et côté (Alain) Rousset et auquel je participe : http://www.allezalain.fr ... Je suis également ravi de découvrir Grenade par tes photos, ça me donne énormément d'inspiration pour l'année prochaine ! Malheureusement, je ne pense pas passer par Grenade avant août ...
Rédigé par : Simon | 27 février 2008 à 19:48
Excellente idée le blog sur les municipales!Et les photos sont pas mal du tout. C'est un collectif d'étudiants ou tu bosses aussi avec des pros? Je serai sur Bordeaux dans le courant de la semaine prochaine. Contacte-moi si tu es dans le coin, on pourra parler de tout ça.
A bientôt!
Rédigé par : ANTOINE VETEAU | 28 février 2008 à 12:14