Je ne sais pas par où commencer cette note. On a déjà tellement dit sur la crise financière que l'on finit par se noyer dans un jus infâme de commentaires qui se mordent la queue les uns des autres. A l'heure où des milliards se précipitent aux portes des bourses marchandes de ce monde pour sauver le système il est pourtant plaisant d'en rajouter une couche et d'exiger des responsabilités.
Il y a quelques temps on ne savait pas si il fallait s'indigner ou s'extasier devant les 5 milliards d'euros détourné par Jérôme KERVIEL au sein de la Société Générale. La bulle internet y a vu un nouvel héros génie du clic informatique. Mais la majorité de l'opinion publique y a vu un voleur de grand chemin qui a osé toucher à leurs économies qu'elle croyait à l'abri derrière les murs de leur banque. Aujourd'hui ce sont des centaines de milliards d'euros que le contribuable va payer de sa poche à plus ou moins long terme pour sauver des gangsters de la finance (des vrais cette fois). Et tout le monde trouve cela normal car après tout il faut sauver le système qui soit disant sert à alimenter la machine économique (la vraie). Soit. Mais qu'adviendra t-il des traders, des courtiers, des banquiers et des conseillers économiques des grands groupes industriels qui ont pendant des années construit cette crise par la multiplication d'opérations opaques ? Où sont passées les liquidités qui manquent tant à notre économie ? Qui nous dit que l'argent grâcement prêté par les banques centrales ne va pas disparaître à nouveau dans un compte en banque sur une île paradisiaque fiscalement ? Ce sont des milliards qui circulent dans une impunité la plus totale et la plus indécente qu'il soit avec le couvert moral d'un Etat Providence sur le retour. Providence pour les courtiers...on croit rêver.
Stieg LARSSON, le célèbre auteur suédois de la série de polars Millénium, doit bien se marrer de là où il est. Dans son premier opus, Les hommes qui n'aiment pas les femmes, son héros, Mikael Blomkvist, journaliste économique, fait sombrer un homme d'affaire crapuleux en mettant à jour la nébuleuse de ses comptes offshore. Cette traque jouissive se termine en beauté : trois balles dans la nuque du mafieux dans un appartement de la sinistre Marbella en Espagne.
On aimerait un justicier de la sorte pour faire le ménage dans nos économies. On aimerait aussi, tant qu'à faire, que les responsables se fassent justice eux-mêmes : un vol plané du haut d'une tour de Wall Street ou une pendaison en bonne et due forme du haut des colonnes des places boursières. C'est tout ce qu'ils méritent. Il est étonnant qu'il n'y ait pas plus de pierres balancées sur les vitrines trop brillantes de nos institutions bancaires. Il est injuste qu'aujourd'hui on remette en cause les bonnes volontés écologiques au nom de la rigueur économique. Il est injuste que nous, avec les ours polaires nous payons les erreurs d'une poignée d'irresponsables.
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