Grenade est une ville qui vous prend aux tripes. Le charme de ses rues, la beauté de l'Alhambra et "la mala folla" de ses habitants...Je pourrai encore continuer longtemps dans l'énumération banale de quelques clichés autour de ma Grenade. Elle tire aussi sa terrible force d'attraction de ses légendes et ses non-dits que le touriste de passage ne peut pas voir sur des sentiers tracés pour lui mais que le promeneur curieux qui sait s'imprégner del arte de vivir andaluz aura su remarquer. C'est un des privilèges de la vie étudiante à l'étranger. Je pensais avoir déjà vu et entendu beaucoup de ces légendes. Pourtant il m'en manquait une et de taille! Samedi soir, le hasard cathodique a mis la petite communauté de notre "piso" en émoi. Un film ou téléfilm dont je ne parviens pas à retrouver le nom a redonné vie au poète de la cité andalouse : Federico Garcia Lorca.
Un jeune homme abrite un autre blessé dans sa ferme avant de l'abandonner aux bonnes soeurs pour partir au front de la guerre civile qui commence à peine. 40 ans plus tard, il décide de retrouver celui qu'il a laissé à moitié fou et amnésique aux bons soin de l'Église catholique. Il le retrouve errant dans les rues grenadines, squattant un appartement dans l'Albayzin. Il l'héberge chez lui quand un jour le hasard amène le vieux "galapago", comme il surnomme ce vieux fou faute de véritable identité, devant un piano. Ce dernier joue magnifiquement bien. En cherchant l'identité d'un vieil artiste grenadin qui aurait pu disparaître pendant la guerre civile, notre héros se rend compte que son compagnon d'infortune pourrait bien être Federico Garcia Lorca dont on n'a jamais vraiment retrouvé le corps...
Un film touchant car les rues de Grenade sont animées de cette légende. Un film qui redonne vie à un géant de la littérature espagnole. Une manière pour la ville de se faire pardonner de ne pas avoir su protéger son poète.
A ma connaissance, on ne sait pas si le corps trouvé à Alfacar prés de Grenade dans une fosse commune est celui de Federico Garcia Lorca. La famille s'oppose toujours aux tests ADN. Le mystère reste donc entier. Voici le lien vers un site qui vous en dira plus sur le sujet et qui aborde aussi la difficile question de la mémoire historique en Espagne qui fait actuellement l'objet d'une loi. Pour ma part, j'essaie de résoudre un autre mystère : pourquoi et comment Grenade a dénoncé son poète aux milices fascistes? A la foire aux livres de Grenade, prés du Teatro Isabel La Catolica, je me suis trouvé nez à nez avec un livre qui devrait m'éclairer : "El silencio de los rosales, ultima huella de federico garcia Lorca" de Gerardo Rosales. Je vous tiens au courant dès que j'en sais plus. En attendant pour moi, Federico sigue viviendo...
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