Les derniers propos de Silvio Berlusconni et du nouveau maire de Rome, Gianni Alemanno ont de quoi glacer le sang. Fraîchement élus, ils se sont empressés de toiser la gauche reléguée à l'opposition en avertissant que "la nouvelle falange romaine" qu'ils représentent est prête à mobiliser "300 000 martyres" dont "les fusils sont chaud". En France...je n'insiste plus sur le sujet...s'en est tellement plus sérieux que s'en est "indécent". Je ne vous transmets pas les amitiés que les journaux espagnols, toutes tendances politiques confondues, ont envoyé par titres interposés à notre Président. Au Royaume-Uni les conservateurs font leur retour par la petite porte des élections locales. Bref, une vague bleue envahie l'Europe. Ce ne serait pas inquiétant si cette "nouvelle droite" était respectable.
Seulement voilà quand on s'amuse à dire que Sarkozy est trop "bling-bling", immoral, vulgaire, "beauf" et autres qualificatifs à sa hauteur, très vite viennent les critiques comme quoi nous ne serions que d'affreux conservateurs moralisateurs qui ne parviennent pas à voir en Sarkozy l'air du temps, l'air du changement. Je dois avouer que jusqu'à présent j'étais en plein désarroi existentiel me persuadant presque du bien fondé de ces reproches : je devenais un vieux con. J'en étais là quand Margarita Rivière journaliste et écrivaine espagnole, (elle a notamment été directrice de l'Agence de Presse EFE et s'intéresse particulièrement aux phénomènes de mode), dans une colonne "opinion" de El Pais du 30 avril 2008, m'a sorti de ce sentiment de culpabilité. Pour elle, souffle sur l'Europe un vent de "chikichikisme".
Qu'est-ce que le chikichikisme? C'est en fait une référence au nouveau phénomène de mode qui touche le monde hispanophone mis en place par la bande à Buenafuente à travers la chanson qui représente l'Espagne à l'Eurovision 2008 : le chiki-chiki de Rodolfo Chikilicuatre (voir aussi son site Web Officiel).
Margarita Rivière dans son article fait un fantastique parallèle entre Sarkozy, Berlusconni et le chiki-chiki. Selon elle, le succès de ces trois nouveaux "-isme" tient à leur représentation dans l'imaginaire collectif, à savoir, le goût de la fête, du kitch, de l'exubérance, de l'ostentatoire, de la dépense outrancière et sans compter, bref de l'amusement permanent.
On pourrait presque voir une sorte d'hédonisme du XXI siècle et à première vue pourquoi pas! Un peu de légèreté dans ce monde de brut! Le seul problème est que cette grande fête, quand elle a lieu sur la scène politique, elle se fait au détriment d'autres acteurs. Je dirai même que si la fête a lieu dans la cour de récré de l'Union Européenne c'est parce que la mère Afrique et le père Chinois autoritaire triment de leur côté. Ou plutôt quand les parents européens boivent, les enfants du tiers-monde trinquent...Le chikichikisme politique qu'incarnent nos amis Nico et Silvio n'est donc pas immoral, il est injuste et tout simplement dégueulasse dans la conjoncture économique actuelle.
Alors c'est beau une nouvelle note anti-sarko (alors qu'il me semble vous avoir promis d'arrêter) mais maintenant il est temps de passer aux actes et de donner une fessée à ces enfants gâtées de l'Europe. Un vent de mai souffle par ici. Des paroles venues des confins de l'Andalousie semblent pouvoir le porter. Quand Rafael Alberti (poète de la province de Cadiz) et Paco Ibanez font la révolution. A galopar, a galopar, hasta enterrarlos en el mar!
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