Quel bonheur de voir sa photo sur les pages d'un grand magazine d'actu ! Quel soulagement de se dire qu'il existe une petite porte par laquelle entrer dans une profession sinistrée ! Passé quelques mois d'aventures photographiques et journalistiques (et de ce fait une cruelle absence sur ce blog, mes excuses), retour sur l'envers de ce décor, la face cachée de Citizenside !
Je vous arrête, pas de révélation incroyable mais une déception. Deux pour être précis. D'abord sur le contenu du site et sa ligne éditoriale. On ne peut que regretter la recherche du sensationnel au détriment de la qualité photographique. Il est évident qu'on ne peut pas trouver sur un site qui propose de vendre les photos des amateurs, du reportage de fond, des enquêtes, bref un véritable travail photographique. Un amateur reste un amateur et ne peut disposer ni du temps ni de l'argent pour faire un tel travail. J'ai d'ailleurs eu droit à des commentaires assez violents sur mes photos en Thaïlande. Des internautes, cachés derrière leur pseudo, me reprochaient de donner une image réductrice du pays en ne montrant que les "clichés" du tourisme sexuel à Patong Beach. Or, je ne suis pas allé en Thaïlande pour faire un reportage là-dessus et mes photos n'étaient là que pour témoigner d'une situation dramatique qui ne peut échapper à personne sauf à quelques gogos. Malgré la confusion manifeste de certains, Citizenside reste dans son rôle : une centrale de photos amateures témoins de l'actu qui peuvent se subsituer ponctuellement aux pros dans un contexte précis. Je tiens d'ailleurs à signaler que la rédaction de Citizenside assume parfaitement ce rôle et m'a montré son soutien dans cette histoire.
Cependant, l'amateurisme ne doit pas empêcher la qualité du témoignage. Or quand on regarde la page d'accueil du site, force est de contaster que le sensationnel prime. Il suffit de voir les photos qui ont été publiées au moment du festival de Cannes. La grande question est, est-ce que ce type de photos trouve acheteurs ? Et si oui quels sont-ils ?
Ma deuxième déception est une question bêtement financière. Ma photo a été publiée le 29 janvier au Point et au Figaro Magazine. A l'heure actuelle, presque 5 mois après, je ne sais toujours pas à qui j'ai vendu la photo (à l'AFP ou directement aux hebdomadaires ?), pour quel montant et quand est-ce que je verrai la couleur de mon argent. Plusieurs coups de fil à la rédaction de Citizenside (dont j'attend toujours qu'elle me mette en contact avec leur directeur financier), ainsi qu'aux services photo du Point et du Figaro Magazine ne m'ont pas permis à l'heure où j'écris d'élucider ce mystère.
Pour en avoir parler à certains collègues journalistes et photographes, il paraît que ces délais sont normaux, surtout par les temps qui courent dans la presse.
Conclusion : je prends mon mal en patience en voyant dans ces déceptions après une certaine euphorie, la réalité du monde des médias en France : précarité, précarité, précarité. Il nous reste la passion et l'énergie pour inventer un nouveau modèle économique à tout cela. Une première étape : bombarder une porte d'entrée comme Citizenside de photos de qualité pour inverser la tendance ? Au boulot !
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