Sous la tente, poulet de Bresse à volonté pour la fête de la Rose socialiste !
De Frangy-en-Bresse à La Rochelle en passant par Saint-Ciers sur Gironde, ma rentrée photographique fut socialiste. Et croyez-le ou non, c'est beau à voir un parti politique qui travaille. Après des mois (voire des années... !) entre silence et petites phrases assassines, le ton change et l'opposition se met en mouvement. A tel point que, comme le soulignait Thomas Legrand dans son édito politique sur France Inter, Nicolas Sarkozy court après le PS : taxe carbone, non-cumul des mandats..., le président de la République semble suivre l'agenda imposé par la Gauche et les Verts, son discours sur la sécurité passant même à la trappe !
D'accord ou pas avec les socialistes, on peut toutefois se réjouir de ce renversement de situation, preuve d'une opposition en meilleure santé et par la même, d'un système politique démocratique un peu moins grippé que ce qui nous était servi depuis le 6 mai 2007.
Martine Aubry, première secrétaire du Parti Socialiste, lors de son discours d'ouverture de l'Université d'été de La Rochelle.
Martine retrouve le sourire donc. Et pourtant les journalistes font la gueule. D'abord à Frangy, où comme chaque année, Arnaud Montebourg célèbre la traditionnelle fête de la Rose. Rien ne va plus : ils mangeront un poulet frites qu'ils devront payer de leur poche (remboursé en note de frais je vous rassure) alors qu'à l'UMP, "rendez-vous compte", c'est petits-fours et champagne à volonté. Une semaine plus tard, à La Rochelle, à l'occasion de l'université d'été du PS, on approche du scandale : ils s'ennuient. Oui ils s'ennuient. Cette année, pas de "off" sur les terrasses du vieux-port, pas de petites phrases au détour d'une balade entre les deux tours mais des ateliers, des ateliers et encore des ateliers. Bref, une université d'été qui porte bien son nom, animée de débats d'idées (si, si je vous jure !) et ça, ça fait pas vendre. La salle de presse avait un côté morne et pathétique : les photographes sont à deux doigts de la dépression (heureusement que Ségolène pose) et les services politiques de toutes les rédactions ont le drapeau en berne. Le papier de Julien Martin de l'excellentissime Rue89 résume bien l'ambiance rochelaise de ce dernier week-end d'août.
Petite lueur d'espoir samedi soir à 20h : le bal PS-MJS. Mais décidément pas de chance, les journalistes n'y sont pas invités. Devant rentrer sur Bordeaux le soir même et après quelques vaines tentatives de négociation, je plie bagage. Saluons le courage, l'imagination et la persévérance des Inrocks qui sont restés jusqu'au bout de la nuit...
De gauche à droite : Olivier Ferrand du think tank Terra Nova, Benoît Hamon, porte-parole du PS et Arnaud Montebourg, député de Saône-et-Loire, à Frangy-en-Bresse.
Cette petite chronique sur l'ennui dans le monde des médias en période de non crise politique pourrait s'arrêter gentiment ici.
"Eh Manuel tu me fais pas la bise ? ", "Benoît, venga aqui, il y a deux femmes qui te trouvent beau mais ce doit être une vue de l'esprit"... Deux petites phrases. Deux petites phrases anodines surprises au hasard d'une conversation, d'un brouhaha à la fin d'un discours. Pourtant elles me laissent un goût amer. Elles ont été prononcées par un journaliste politique dont la renommée et la plume ne sont nullement remises en question. Cependant, elles traduisent la méthode de travail des journalistes français qui suivent de près nos dirigeants politiques. Pour vendre un article (ou même une photo), il faut du scandale, du sensationnel, de la petite phrase. Pour vendre un article, il faut un "scoop" qui peut se réduire à "un tel a dit que sur un autre". Ce n'est rien, ça ne fera pas avancé le débat et ce sera oublié la semaine suivante mais ça marche. Pour obtenir LA petite phrase, le bon mot, il faut que la personne interviewée, en l'occurrence, l'homme ou la femme politique, se sente en confiance. Donc, il faut copiner. C'est plus facile et plus efficace que de poser une vraie bonne question au cours d'un vrai bon entretien.
En photo même procédé : on copine un instant, puis on crie le prénom de la personne que l'on veut photographier, celle-ci se retourne, sourie et c'est dans la boîte. C'est plus facile et plus efficace que de suivre la même personne sur une longue période. Et pourtant, prendre le temps, mettre en confiance son interlocuteur sans tomber dans la connivence et le mélange des genres n'est pas une vieille chimère d'un conservateur du journalisme "à l'ancienne". Allez jeter un œil sur le travail de Callie Shell qui a suivi pendant plus de deux ans Barack Obama et qui expose actuellement à Perpignan dans le cadre du grand rendez-vous du photo-journalisme "Visa pour l'image".
Le plus drôle c'est que lors de ces universités d'été, il y avait un atelier intitulé "Médias et démocratie" animé par Edwy Plenel. Beaucoup a été dit sur le système de financement des médias français et la connivence entre groupes industriels possédant les titres des plus grands journaux et l'Etat sarkozyste. Très peu par contre sur la responsabilité individuelle des "médiateurs", les journalistes. Ces deux petites phrases traduisent un système. Il y a du boulot pour le dézinguer. Il suffit d'un peu de courage, d'imagination et de persévérance...
Elisabeth Guigou, ancienne Garde des Sceaux et actuellement députée de Seine-Saint-Denis, assistait à l'atelier "Penser l'avenir" à l'université d'été de La Rochelle. Promis, ce sourire elle l'a fait toute seule !
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