Aujourd'hui est tombée la sentence pour les dessinateurs Guillermo TORRES et Manel FONTDEV ILA du journal satirique espagnol El Jueves. Ils devront payer chacun 3000 euros pour avoir publié une caricature du couple princier, Philippe et Leticia (ci-contre), jugée par el fiscal de la Audiencia Nacional, je cite, "clairement dénigrant", qui "porte pleinement atteinte à l'honneur du Pince" et surtout qui "constitue un dénigrement évident et en conscience de la Couronne".
On peut trouver de mauvais goût la caricature, on peut la trouver mal dessinée ou que sais-je encore, mais aller jusqu'à un procès pour "dénigrement de la Couronne" me parait un peu fort aux yeux de la liberté de la Presse et d'expression. Il ne s'agit pas là d'une caricature à caractère raciste, incitant à la haine ou autres dérives qui elles sont condamnables (et encore je n'en suis pas sûr...il y a d'autres moyens de combattre la connerie humaine que par une sentence judiciaire, le débat par exemple). Il s'agit d'un dessin humoristique qui, si il blesse "l'honneur du Prince" n'a pas être mis sur le banc des accusés comme un vulgaire délinquant. Tout est question de proportion mais surtout, (et surtout!) de liberté d'expression. Je suis d'ailleurs surpris et inquiet qu'il n'y ait pas plus de réactions que ce soit en Espagne ou même en France...
El Jueves a réagi cette semaine en publiant une nouvelle caricature moins "trash"...Une manière de présenter des excuses, sans en être...(ci-contre)
Mon cher Antoine,
En réalité, la une "Rectificamos" a été déjà publiée cet été sur le site Internet de El Jueves accompagnée d'un communiqué officiel annonçant la saisie des numéros.
Je ne sais pas en revanche si le fait de publier une "contre-une" a joué en la défaveur du magazine. Mais l'action avait en tout cas beaucoup de panache.
Enfin, même si je n'approuve pas cette décision de justice au nom de la liberté d'expression, il faut rappeler que le Code Pénal espagnol prévoit tout de même une peine allant de six mois jusqu'à deux ans de prison pour "Injurias a la Corona". Il est donc utile de rappeler ici les articles du Code Pénal qui nous intéressaient dans cette affaire :
Art. 490-3: "Él que calumniare o injuriare al Rey o a cualquiera de sus ascendientes o descendientes, a la Reina consorte o al consorte de la Reina, al Regente o a algún miembro de la Regencia, o al Príncipe heredero de la Corona, en el ejercicio de sus funciones o con motivo u ocasión de éstas, será castigado con la pena de prisión de seis meses a dos años si la calumnia o injuria fueran graves, y con la de multa de seis a doce meses si no lo son."
Art. 491-2: "Se impondrá la pena de multa de seis a veinticuatro meses al que utilizare la imagen del Rey o de cualquiera de sus ascendientes o descendientes, o de la Reina consorte o del consorte de la Reina, o del Regente o de algún miembro de la Regencia, o del Príncipe heredero, de cualquier forma que pueda dañar el prestigio de la Corona."
Le roi reste, encore et toujours, le garant de l'unité de la jeune démocratie espagnole...
A bientôt Corto !
Rédigé par : Le Zèbre | 16 novembre 2007 à 12:48
Mon cher séba,
En effet, la polémique ne date pas d'hier mais de cet été. Le dessin qui a fait scandale ayant été publié, si je ne me trompe pas, le 18 juillet. Et contrairement à ce que j'affirmait dans ma note, il y a eu réaction de la presse au moment où l'hebdomadaire s'est vu retiré des kiosques le lendemain de la publication du fameux dessin. Cependant la petite levée de bouclier qui s'est opérée n'a rien à voir avec celle que nous avons connu lors de la publication des caricatures de Mahomet.
Je mets volontairement les deux évènements sur le même pied d'égalité car il me semble que nous sommes face au même problème. Sauf que pour le cas de la Couronne espagnole, et tu fais bien de le rappeler, il y a une interdiction légale. Ce qui ne veut pas dire que cette dernière soit légitime!
Je pense aussi, que l'héritier de Juan Carlos qui a déjà bien du mal à faire sa place sur l'échiquier politique aurait pu trouver une autre parade à "l'offense". En faisant preuve d'un peu d'humour ou d'irrévérence par exemple, comme sait si bien le faire son papa.
C'est à mon avis l'unique condition pour que le roi en espagne reste "le garant de l'unité de la jeune démocratie espagnole"...parole de belge!
Rédigé par : ANTOINE VETEAU | 17 novembre 2007 à 17:48