Tonio

Ciao les artistes!

Il est navrant d'apprendre à connaître un artiste quand il vient de mourir et de se rendre compte qu'il est déjà parti alors qu'il aurait du rester plus longtemps. Juste pour se laisser le temps de rattraper ses erreurs et son inculture. C'est la sensation que j'ai eue en apprenant la mort de Fernando Fernan Gomez, célèbrissime acteur espagnol.

Mais mon erreur fut double. En voyant le visage de cette acteur sur toutes les chaines espagnole s, je l'ai confondu avec un autre : celui qui jouait le rôle de Federico Garcia Lorca vieux dans le film que je vous évoquais dans une note précédente. J'ai fait mes petites recherches et appris plusieurs choses. D'abord le film en question est La luz prodigiosa de Miguel Hermoso. Et l'acteur en question n'est autre qu'un autre acteur célèbrissime, italien cette fois, Nino Manfredi. Ce dernier est mort en 2004...Deux visages et deux noms qui jusqu'à peu m'étaient inconnus et qui désormais resteront bien ancrés dans ma mémoire comme des acteurs prodigieux!

Por qué no se callan??...

Aujourd'hui est tombée la sentence pour les dessinateurs Guillermo TORRES et Manel FONTDEV ILA du journal satirique espagnol El Jueves. Ils devront payer chacun 3000 euros pour avoir publié une caricature du couple princier, Philippe et Leticia (ci-contre), jugée par el fiscal de la Audiencia Nacional, je cite, "clairement dénigrant", qui "porte pleinement atteinte à l'honneur du Pince" et surtout qui "constitue un dénigrement évident et en conscience de la Couronne".

On peut trouver de mauvais goût la caricature, on peut la trouver mal dessinée ou que sais-je encore, mais aller jusqu'à un procès pour "dénigrement de la Couronne" me parait un peu fort aux yeux de la liberté de la Presse et d'expression. Il ne s'agit pas là d'une caricature à caractère raciste, incitant à la haine ou autres dérives qui elles sont condamnables (et encore je n'en suis pas sûr...il y a d'autres moyens de combattre la connerie humaine que par une sentence judiciaire, le débat par exemple). Il s'agit d'un dessin humoristique qui, si il blesse "l'honneur du Prince" n'a pas être mis sur le banc des accusés comme un vulgaire délinquant. Tout est question de proportion mais surtout, (et surtout!) de liberté d'expression. Je suis d'ailleurs surpris et inquiet qu'il n'y ait pas plus de réactions que ce soit en Espagne ou même en France...

El Jueves a réagi cette semaine en publiant une nouvelle caricature moins "trash"...Une manière de présenter des excuses, sans en être...(ci-contre)

Reprise de l'activité photographique!

Du boulot, du boulot, du boulot en cette dernière année d'étude. Pourtant je ne peux passer à côté de tout ce que peut m'offrir cette dernière année universitaire à Grenade. Aprés ce premier mois d'installation, mon appareil photo peut se remettre à chauffer (doucement car il ne faut pas le brusquer). Plein de projets en tête et avant tout un objectif : vous raconter des histoires, un peu la mienne, mais surtout celle d'un pays qui me fascine de plus en plus. Vous raconter des histoires pour partager et j'espère vous donner le goût du voyage dans ce Sud si proche et pourtant...Vous raconter des histoires aussi pour éviter que mes photos ne contribuent à l'inflation inutile d'images sur nos écrans. J'espère arriver du mieux que je peux à cet objectif!
A venir, des retrouvailles avec mon premier coup de foudre avec l'Espagne : Madrid. Mais aussi ma quête de notre poète disparu, Federico Garcia Lorca, ou encore mon travail avec Granada Acoge, une association d'accueil des migrants qui arrivent à Grenade. Je n'oublie pas non plus les bars à tapas granadinos que je vous ai déjà promis!
Je ne vous demanderai que de la patience...Les photos arriveront petit à petit, pas à pas, au grés de un paseo por caminos andaluces.

Federico sigue viviendo!

Grenade est une ville qui vous prend aux tripes. Le charme de ses rues, la beauté de l'Alhambra et "la mala folla" de ses habitants...Je pourrai encore continuer longtemps dans l'énumération banale de quelques clichés autour de ma Grenade. Elle tire aussi sa terrible force d'attraction de ses légendes et ses non-dits que le touriste de passage ne peut pas voir sur des sentiers tracés pour lui mais que le promeneur curieux qui sait s'imprégner del arte de vivir andaluz aura su remarquer. C'est un des privilèges de la vie étudiante à l'étranger. Je pensais avoir déjà vu et entendu beaucoup de ces légendes. Pourtant il m'en manquait une et de taille! Samedi soir, le hasard cathodique a mis la petite communauté de notre "piso" en émoi. Un film ou téléfilm dont je ne parviens pas à retrouver le nom a redonné vie au poète de la cité andalouse : Federico Garcia Lorca.
Un jeune homme abrite un autre blessé dans sa ferme avant de l'abandonner aux bonnes soeurs pour partir au front de la guerre civile qui commence à peine. 40 ans plus tard, il décide de retrouver celui qu'il a laissé à moitié fou et amnésique aux bons soin de l'Église catholique. Il le retrouve errant dans les rues grenadines, squattant un appartement dans l'Albayzin. Il l'héberge chez lui quand un jour le hasard amène le vieux "galapago", comme il surnomme ce vieux fou faute de véritable identité, devant un piano. Ce dernier joue magnifiquement bien. En cherchant l'identité d'un vieil artiste grenadin qui aurait pu disparaître pendant la guerre civile, notre héros se rend compte que son compagnon d'infortune pourrait bien être Federico Garcia Lorca dont on n'a jamais vraiment retrouvé le corps...
Un film touchant car les rues de Grenade sont animées de cette légende. Un film qui redonne vie à un géant de la littérature espagnole. Une manière pour la ville de se faire pardonner de ne pas avoir su protéger son poète.
A ma connaissance, on ne sait pas si le corps trouvé à Alfacar prés de Grenade dans une fosse commune est celui de Federico Garcia Lorca. La famille s'oppose toujours aux tests ADN. Le mystère reste donc entier. Voici le lien vers un site  qui vous en dira plus sur le sujet et qui aborde aussi la difficile question de la mémoire historique en Espagne qui fait actuellement l'objet d'une loi. Pour ma part, j'essaie de résoudre un autre mystère : pourquoi et comment Grenade a dénoncé son poète aux milices fascistes? A la foire aux livres de Grenade, prés du Teatro Isabel La Catolica, je me suis trouvé nez à nez avec un livre qui devrait m'éclairer : "El silencio de los rosales, ultima huella de federico garcia Lorca" de Gerardo Rosales. Je vous tiens au courant dès que j'en sais plus. En attendant pour moi, Federico sigue viviendo...

Querer comprender

Pour compléter ma note précédente, voici la publicité de El pais qui circule sur le petit écran espagnol...Pub El Pais . Prochaine note une visite guidée des bars de tapas à Grenade...

El Pais que habla del mundo...

Me voici déjà depuis quelques semaines à Grenade. Bien installé, bien repris les cours et déjà sur les traces des mourides, je profite d'un petit instant de répis pour vous faire partager une actu média. Le journal espagnol de référence El pais  s'est refait une beauté dimanche. Nouveau format, plus clair, en interaction avec le site internet, des articles d'analyse passionants répartis dans tout le journal en fonction de l'actualité au lieu d'être concentrés sur quatre pages et toujours un traitement de l'info remarquable tant sur le plan international que national. Tout cela pour la somme de 1 euro et sans trahir ses idéaux. El Pais mérite bien sa place parmi les meilleurs journaux du monde! Quid des nationaux français. Le dernier numéro du trimestriel Médias  (n°14-Automne 2007) nous offre un magnifique reportage dans les coulisses de "La chute de la maison Colombani" au sein de la maison Le Monde. On y découvre avec effarement les magouilles de Minc et compagnie. Au lycée pour pas nous perdre, on nous disait souvent que El Pais était l'équivalent du Monde en Espagne. Depuis j'ai appris à ne pas mélanger les serviettes et les torchons!

Carnet de campagne(s), suite et fin...

Le travail est enfin terminé. C'est un peu le "baby blues" aprés ces 6 mois de gestation qui furent passionnants et riches en nouvelles expériences, à la fois humaines et professionnelles. Sur ce blog, vous ne trouverez, comme je l'ai déjà expliqué, que des extraits, des photos mises les unes à côté des autres ce qui est assez frustrant. J'ai voulu avant tout raconter une histoire ou du moins être le témoin d'une histoire que la grande, celle avec sa grande hache, comme le disait Georges Pérec, a tendance a occulté. Si vous êtes curieux, je vous la raconterai de vive voix. Encore une fois, bonne route à tous et encore merci, mille mercis à tous ceux et celles qui m'ont aidé et soutenu dans ce projet.

Touba, un carrefour de "l'underground"

Nouvelle année universitaire et nouveaux défis. Mes études m'ont conduit à m'intéresser de trés prés aux Mourides, confrérie musulmane originaire du Sénégal. Cette communauté religieuse soufie a la particularité de structurer tout un réseau de migrants qui s'étend de New York à Marseille pour aller jusqu'à Hong Kong.

Grenade, Andalousie...cette perle de la péninsule ibérique accueille en son sein depuis une vingtaine d'année des migrants sénégalais qui vendent cravates, parapluies, dvd et cd tombés du camion ou bien carrément piratés à même les rues de la cité andalouse. Sur la base des travaux du sociologue Alain Tarrius et du politologue de l'IEP de Bordeaux, Christian Coulon, il m'est apparu intéressant d'étudier cette communauté à Grenade (avec mon appareil!) pour savoir si elle est connectée ou non à ce réseau commercial religieux transnational. Sur la frontière trés mince entre licite et illicte, légal et illégal, c'est un voyage dans l'interculturalité qui s'offre à nous et semble promettre au-delà des Etats qui nous séparent, tous les possibles.

Un avant goût en image de qui sont les mourides avec ce livre magnifique, Touba, voyage au coeur de l'islam nègre (couverture ci-contre). Les photos d'Eric Guglielmi sont superbes et les textes de Tidiane Dioh, ancien collaborateur de Jeune Afrique et Responsable Médias de l'Organisation Internationale de la Francophonie, sont trés explicatifs tout en étant plein de poésie. Un livre que je vous invite à découvrir. Pour en savoir plus, voici un lien vers la critique qu'en a fait Jeune Afrique.

Autre actualité libraire qui me tenait à coeur, le nouvel Essai d' Alain Tarrius, La remontée des Suds, Afghans et Marocains en Europe Méridionale (couverture ci-contre). Alain Tarrius, professeur de sociologie urbaine à l'Université du Mirail à Toulouse, a publié dans de nombreuses revues de sociologie de renom, notamment la REMI (Revue Européenne des Migrations Internationales), autour du thème de la "mondialisation par le bas". Un travail de terrain fantastique, politiquement engagé derrière une belle plume qui nous offre un regard neuf et nécessaire sur les migrations internationales.

Petit détour par Perpignan...

Un coup de tête qui vient concrétiser l'envie furieuse d'assister à ce festival : Visa pour l'image. Il ne m'a fallu qu'une journée pour prendre une claque et il me faudrait plus qu'un blog pour tout vous raconter. Ce festival avait lieu du 1er au 16 septembre 2007 (je vous donne déjà rendez-vous l'année prochaine) et offre aux meilleurs photojournalistes du monde les monuments historiques de Perpignan comme lieu d'exposition. Carolyn Cole, Ian Berry, Jane E.Atwood, Benoît Schaeffer, Eric Hadj et bien d'autres étaient exposés. Vous pouvez les découvrir en vous rendant sur le site du Festival (lien dans la colonne de gauche).

Perpignan est aussi un lieu de débat. Cette année les discussions tournaient autour de la question de l'avenir même du photojournalisme dans un monde où le nombre d'images s'est démultiplié. Mais aussi autour du thème de la censure avec un invité de marque : Paul Moreira qui a fondé l'émission "90 min" sur Canal+ et qui a écrit un essai "Les nouvelles censures" que je vous recommande. Je vous invite aussi à consulter le dossier de presse du Festival (pdf)  dont l'édito de Jean-Paul Leroy a fait débat...à vous de juger.

Bref, une journée (seulement) passionnante...de quoi vous réconcilier avec le journalisme.

Ci-contre, Ian Berry, Esclaves du Ghana.

Carnet de campagne(s)...suite

ça y est!! Je termine enfin le tri de mes photos et leur mise en page grâce à cet animal étrange qu'est photoshop...Vu la taille de l'engin je ne pourrai pas le mettre en ligne en intégralité. Vous trouverez des morceaux choisis dans l'album photo sur votre droite. Sinon demandez-le moi je vous enverrai le tout par mail. Le reportage se compose en 6 chapitres. Les deux premiers retracent l'aventure centriste des présidentielles depuis le Lot-et-Garonne. Les quatre suivant se centrent sur les législatives. Ils sont classés par thème car je voulais avant tout un travail pédagogique où l'on voit vraiment comment se fait une campagne électorale et pas seulement un compte rendu chronologique. Un dernier chapitre Epilogue viendra clôturer le tout par des images des soirées électorales et une interview du député où l'on revient ensemble sur certains points clefs de sa campagne.

Une petite note aussi pour mettre fin à ces longs mois de silence propices à la réflexion et entamer l'année universitaire à venir. Depuis une perle andalouse, c'est promis, vous aurez de nouvelles photos! Bonne rentrée à tous! Bonne route pour certains et à bientôt!